L'hôpital de pont de Beauvoisin était, il y a quelques années encore, un superbe hôpital de proximité qui permettait aux futures mères d'accoucher en toute sécurité, à toutes celles et ceux qui avaient besoin d'une opération classique de trouver chirurgiens et personnel d'une grande compétence. Et puis, peu à peu, d'abandon en abandon, alors que des gynécologues avaient été trouvés, des chirurgiens viscéraux prêts à s'installer, le CA dans sa majorité et l'administration de l'hôpital ont rendu les armes devant les chantages successifs de l'Agence Rhône Alpes d'Hospitalisation, devant les exigences de restructuration qui se font toujours au détriment des plus défavorisés.
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Si vous avez de l'argent, vous pouvez vous faire opérer à Lyon, Chambéry ou Grenoble. Les déplacements ne vous gênent pas. Mais si vous n'avez pas de moyen de transport et si vous avez besoin d'être proche d'un des vôtres hospitalisé, tout devient très difficile. Les restructurations, la suppression des services de proximité se font toujours au détriment des plus défavorisés. Pour l'hôpital de Pont de Beauvoisin, je maintiens mes propos, même s'ils déplaisent à certains qui m'accusent de tous les maux mais il n'y a que la vérité qui dérange :
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Si l'administration et le CA, appuyé par tous les élus, avait fait preuve de fermeté, nous aurions pu garder un hôpital qui répondait aux besoins de la population. Je crois sincèrement que nous pouvons nous battre pour faire rouvrir certains services puisque les besoins sont là, surtout en raison de l'augmentation importante de la population.
Vous trouverez ci après une réflexion de M Martinon, ancien chirurgien de l'hôpital, qui s'est battu pour le maintien de tous les services. C'est un homme sage qui a de vraies convictions.
HOPITAL PONTOIS,
Un avenir incertain mais une opportunité à saisir
Établi à la demande du Ministre de la Santé, il y a un an, le rapport du Professeur Guy VALLANCIEN préconise la fermeture de plus de cent plateaux chirurgicaux en France dont celui de Pont de Beauvoisin. Publié officieusement par l'hebdomadaire « Le Point » dans son numéro 1724 du 29 septembre 2005, ce rapport devenu officiel a eu l'honneur de la première page du quotidien « Le Figaro » du 19 avril 2006 puis il a été repris dés le lendemain par la presse régionale. Ainsi le Ministère a envisagé officiellement de fermer cent vingt sites opératoires en France dans les mois à venir pour sous-activité chirurgicale, c'est à dire ceux dont le nombre annuel d'interventions est inférieur à deux mille.
Le service restant de chirurgie orthopédique de Pont de Beauvoisin a donc été visé directement et cité nommément dans le rapport VALLANCIEN, devenu d'autant plus vulnérable que la fermeture en mars 2005 de la chirurgie viscérale, deux ans après celle de la maternité, a amputé d'un large tiers le nombre annuel d'interventions réalisées. Cela ne pouvait être ignoré de ceux qui ont en charge d'administrer et de gérer l'hôpital. Le maintien de la maternité le rajeunissement et le renforcement des équipes de chirurgie viscérale et orthopédique auraient permis dans un bassin démographique en expansion de se situer au dessus de la barre des deux mille interventions annuelles et d'attendre en meilleure posture d'inéluctables mutations, mais d'autres choix budgétaires et idéologiques nationaux avaient été faits et imposés sans concertation véritable. Gageons cependant que rien ne sera fait jusqu'au printemps 2007. Ce délai accordé par le calendrier électoral doit être plus qu'un sursis, il constitue une opportunité pour le maintien de la chirurgie orthopédique à Pont de Beauvoisin.
Après la fermeture effective de toutes les maternités faisant moins de trois cent accouchements par an la restructuration du tissu hospitalier français, dans le cadre du plan national « Hôpital 2007 », s'est poursuivie selon un scénario bien rôdé: rapport établi à la demande du ministre, indiscrétions et rumeurs précédant la publication dans la grande presse puis mise à exécution quelques mois plus tard par les Agences Régionales de l'Hospitalisation permettant brièvement les expressions et les manifestations d'indignation feinte précédant la soumission aux ordres d'en haut. Il était limpide et cela avait été dit, écrit et répété, officiellement qu'après la fermeture de la maternité Pontoise, en février 2004, celle de la chirurgie se ferait par étapes. A l'été 2006 c'est la chirurgie orthopédique restante qui a été à son tour menacée très paradoxalement de l'intérieur même. Lorsque nous apprenions par le bulletin municipal n°17 de juin 2006 en lisant le « mot du Maire » et Président du Conseil d'administration de l'hôpital, que selon lui « Les chirurgiens de l'Hôpital doivent se compléter, s'entendre, pour gérer au mieux notre spécialité, la chirurgie orthopédique, tel que le souhaite Monsieur METAIS » il convenait à l'évidence de comprendre que ces praticiens ne s'entendant pas la fermeture devenait à court terme inéluctable, un bon motif en étant spontanément fourni à l'ARH. Il faudrait aussi sans doute s'interroger sur les raisons d'un tel déficit ainsi avoué d'entente et de complémentarité entre médecins du service de chirurgie orthopédique. Après le regrettable départ, il y a quelques semaines de l'un des deux chirurgiens orthopédistes la venue d'un nouveau praticien de cette spécialité et espérons le son prochain recrutement définitif est une opportunité pour maintenir une activité orthopédique de qualité. Il faut souhaiter qu'elle soit mise à profit et constitue un atout.
Le gel pour quelques mois du plan Hôpital 2007 mis en œuvre en 2002 peut se révéler une chance pour l'établissement Pontois en attendant peut être un changement d'orientation. Ce qui dans l'application imposée de ce plan d'inspiration ultra-libérale était grave pour la santé publique ce n'est pas d'avoir repensé redessiné une carte sanitaire en concevant des plateaux de chirurgie moins nombreux plus performants et prenant mieux en compte l'exigence légitime de sécurité des patients et les contraintes de la démographie médicale, non, ce qui est grave c'est d'avoir détruit ce qui existait avant que des structures nouvelles n'aient vu le jour et en faisant la politique de « gribouille ». Qu'en est-il en effet aujourd'hui du projet de « médipôle » de Bourgoin-Jallieu dont les portes devaient s'ouvrir en 2008 ? Embarras fonciers et immobiliers, difficultés de financement et divergences de projets des acteurs concernés en sont le lot, malgré les visites officielles, si nous en croyons les échos de la presse. Le maintien de la maternité et le renforcement de la chirurgie à Pont de Beauvoisin était l'attitude logique et réaliste en attendant pour le moins 2008. Cela aurait été d'autant plus opportun qu'il ne s'est jamais construit autant de logements que depuis quelques années démentant ainsi ce vieillissement un temps annoncé avec certitude de la population de Pont de Beauvoisin.
Il faut aussi se réjouir de l'ouverture du service de Médecine Physique et de Rééducation sa vocation est régionale, on doit lui souhaiter de réussir dans cette activité nouvelle de l'hôpital. Mais les contraintes budgétaires ne sont pas toujours le meilleur guide et il faut aussi maintenir le plateau chirurgical en l'absence de structure nouvelle susceptible de le remplacer. Enfin une question demeure encore posée: qu'en est-il du dossier de demande d'implantation tant promise d'un scanner à Pont de Beauvoisin ? Il est en effet peu concevable que ce nouveau service de Médecine Physique et de Rééducation n'en soit pas rapidement doté pour éviter à des patients handicapés, même provisoirement, et souvent âgés des déplacements fatigants et onéreux et afin qu'ils bénéficient sur place d'un examen indispensable depuis longtemps déjà à la pratique quotidienne de la médecine. Cette légitime demande risquait d'être encore fragilisée par la baisse d'activité importante du Service de Radiologie liée notamment à la cessation de l'activité de chirurgie viscérale mais le renouveau espéré du service de chirurgie orthopédique devrait en renforcer la crédibilité.
Au moment où le Centre Hospitalier de Pont de Beauvoisin après des heures difficiles a une opportunité à saisir et pour conclure , s'il est vrai que notre système de santé est confronté à un problème majeur et très complexe de financement et s'il se confirme que le passage à la tarification à l'activité n'apporte pas aux hôpitaux la manne escomptée faut-il se résigner à une gestion uniquement financière de la santé ? La santé ne serait elle qu'une banale marchandise ?
François MARTINON, ancien chirurgien de l'Hôpital
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